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Deux mois après la signature de l’Accord de Paix de Washington entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, les premiers résultats en matière de coopération institutionnelle sont salués par les observateurs. Toutefois, selon le dernier rapport du Baromètre des Accords de Paix en Afrique, consulté ce mercredi 27 août, les retards et blocages sur les engagements sécuritaires menacent la stabilité du processus.
Signé en présence du Secrétaire d’État américain Marco Rubio, l’accord visait à mettre fin aux tensions entre les deux pays en combinant des engagements sécuritaires et des projets de coopération économique. Pourtant, la persistance des combats entre l’armée congolaise et l’AFC-M23 – groupe soutenu par le Rwanda selon plusieurs sources – ainsi que l'absence de progrès sur la neutralisation des FDLR ou le retrait des forces rwandaises, jettent une ombre sur la mise en œuvre effective de l’accord.
Des recommandations urgentes pour sauver le processus
Dans son rapport couvrant la période du 27 juin au 27 août, le Baromètre formule une série de recommandations à l’endroit des parties impliquées.
Pour le gouvernement de la RDC, il est impératif de :
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désigner rapidement le co-président congolais du Mécanisme Conjoint de Coordination de la Sécurité (JSCM) afin d’assurer un fonctionnement équilibré de cette structure conjointe ;
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adapter le plan de neutralisation des FDLR aux nouvelles réalités du terrain, notamment à la progression de l’AFC-M23 dans des zones autrefois contrôlées par Kinshasa ;
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mettre en place un dispositif de protection des civils en partenariat avec la MONUSCO et les organisations humanitaires ;
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accélérer les négociations à Doha pour parvenir à un cessez-le-feu durable avec l’AFC-M23, condition préalable à la pleine application de l’accord.
De son côté, le gouvernement rwandais est appelé à :
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s’engager publiquement à retirer ses troupes ou à lever ses mesures défensives sur le territoire congolais selon un calendrier clair, indépendamment des progrès réalisés sur les FDLR ;
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faire pression sur l’AFC-M23 pour renforcer la protection des populations civiles dans les zones qu’il contrôle ;
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encourager ce groupe à reprendre activement les pourparlers dans le cadre du processus de Doha.
Quant au JSCM, le rapport recommande d’augmenter la fréquence des réunions, au-delà du rythme mensuel prévu, pour traiter plus efficacement les questions sécuritaires urgentes.
Un accord ambitieux mais fragilisé
L’Accord de Washington repose sur deux volets principaux. Sur le plan sécuritaire, il engage les deux pays à respecter mutuellement leur intégrité territoriale, à cesser les hostilités et à ne plus soutenir de groupes armés tels que les FDLR ou le M23/AFC. Il prévoit également un mécanisme de coordination basé sur le concept d’opérations défini à Luanda en octobre 2024.
Sur le plan économique, l’accord ambitionne de renforcer la coopération bilatérale autour de projets stratégiques dans l’hydroélectricité, la gestion des parcs nationaux et la traçabilité des minerais. Il mise sur les cadres régionaux existants (CIRGL, COMESA, EAC) pour promouvoir l’intégration économique et lutter contre les réseaux illicites. Les États-Unis, quant à eux, sont appelés à jouer un rôle majeur comme partenaires économiques dans les secteurs clés.
Vers une relance du dialogue ou une impasse ?
Si des fondations institutionnelles ont été posées, le manque de progrès sur les questions sécuritaires pourrait faire vaciller l'ensemble du processus. Le rapport du Baromètre rappelle que sans cessez-le-feu effectif, retrait militaire et protection des civils, les objectifs de paix et de développement durable resteront hors le portée.
Crédit : https://actualite.cd/2025/08/29/accord-de-washington-le-barometre-des-accords-de-paix-en-afrique-redoute-que-le-retard
Rédaction Kuvuk