Kinshasa : les commerçants entre enthousiasme et inquiétude avant la réouverture du marché central "Zando"

il y a 1 semaine 27
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Depuis près de cinq ans, le marché central de Kinshasa communément appelé « Zando » est en pleine reconstruction. Les travaux touchent visiblement à leur fin et laissent entrevoir l'inauguration dans les jours à venir de cette infrastructure moderne. Lors d'un récent passage sur le site, le gouverneur de la ville, Daniel Bumba, a annoncé une nouvelle grille tarifaire : 420 dollars américains exigés pour l'acquisition d'un espace, assortis d'un loyer mensuel de 60 dollars par étalage contre 10 dollars avant d'après certaines langues. La nouvelle ne fait pas que des heureux. 

Malgré l'enthousiasme suscité par l'ouverture prochaine du nouveau marché central de Kinshasa, un sentiment de frustration gagne une partie des commerçants, notamment en raison des couts jugés excessifs pour occuper les nouveaux espaces.

Bethy Ngongo, vendeuse de produits cosmétiques, exprime à la fois sa joie et ses réserves:

«Nous sommes heureux, et nous attendons impatiemment l'inauguration. Tout semble prêt, il ne manque que quelques ajustements. Mais on nous demande 420 dollars pour obtenir un stand, en plus de 60 dollars chaque mois. C'est inabordable. Le taux de change est élevé , nos revenus sont limités, et nous avons d'autres charges. Le gouvernement devrait revoir ces tarifs », déplore-t-elle.

Un avis partagé par Louis Mbambi, commerçant également, qui dénonce un manque de considération:

«Les autorités ne se soucient pas de nous. Pourtant, nous aimons ce pays. Le bâtiment est magnifique, certes, mais ces montants sont déraisonnables.»

Le nouveau marché, surnommé « zando » affiche des caractéristiques modernes impressionnantes. Il remplace l'ancien site, démoli en 2020 pour vétusté, et se veut un modèle du commerce urbain moderne. Avec ses infrastructures flambant neuves - sanitaires modernes, caméras de surveillance, propreté générale, et stands bien organisés- le site marque une véritable transformation. Il comprend désormais 500 pavillons contre 10 auparavant, peut accueillir jusqu'à 80 000 vendeurs et environ 200 000 visiteurs, et dispose de plus de 630 magasins répartis sur trois niveaux.

Cependant, les préoccupations des commerçants vont au-delà des couts. Nombre d'entre eux s'inquiètent de la durabilité du site, pointant du doigt la nécessité d'un entretien rigoureux.

Kaléha Samuel alerte: 

«Le défi majeur, ce sera l'entretien. Nous demandons à l'hôtel de ville de mettre en place un service d'assainissement dédié, bien financé, pour préserver la propreté du marché. Sans cela, la dégradation sera rapide. »

James Kadima souligne, pour sa part, que la responsabilité doit être collective: « C'est à nous tous d'en prendre soin. Les autorités doivent assurer un suivi strict, mais les commerçants aussi doivent s'impliquer. Sans discipline, on risque de revoir très vite les mêmes problèmes: ordures entassés, sanitaires bouchés, infrastructures détériorées, flaques d'eau partout. Ce serait vraiment dommage après tant d'efforts. »

Le nouveau « zando », emblème du  commerce populaire de Kinshasa depuis son ouverture en 1989, tente aujourd'hui une renaissance ambitieuse. Mais entre modernisation et contraintes économiques, son succès dépendra largement de la capacité des autorités et des usagers à conjuguer à  fierté collective et gestion durable.

Crédit : https://actualite.cd/2025/07/28/kinshasa-les-commercants-entre-enthousiasme-et-inquietude-avant-la-reouverture-du-marche

Rédaction Kuvuk